N'allez pas là où le chemin peut mener, allez là où il n'y a pas de chemin et laissez une trace !


Esquisse par ©Le long pour le mur des Flamants roses sis 1 rue des Bruyères aux Lilas

Jam Paris Sous Les Bombes au SPOT 13

Nous sommes face au mur !
Le dos à la sono, qui ventile par sons interposés, les couleurs des fresques. "Top Graff" pour cette jam, le thème en est "Paris sous les bombes" ; une "battle" de peinture, qui met aux prises deux équipes. D'un côté de la scène BROK CHEK MIZER NESTA avec ZOYER : les rouges et de l'autre BLADE DESY MG SHORE avec KRACO : les bleus. Deux équipes, qui alignent des pointures et travaillent dur à faire monter le niveau alors que, s'accroît la pression, car l'horaire de fin approche… Cinq heures moins le quart et la peinture s'élève d'un quart ; "battle" d'échelles pour les noms des acteurs. Le générique s'écrit en haut de l'affiche. De l'autre côté c'est le nom du "cru" par SHORE. MG trace une géante "bomba". Le personnage, casquette à l'envers et l'œil grand ouvert tient à la main un métro façon lampe torche, qui projette un rayon fluo par son hublot. YELLOW tient le micro et DJ GERO, les platines qui turbinent au rythme du "Soleil des Tropiques". KRACO et ZOYER mettent la main à la pâte, ils ajoutent leur patte d'une griffe bien sentie, au travail en équipe, le fruit. Affinent les détails, le contour d'un lettrage, lui donner un tour habile, rajouter un "perso" dans un angle de la page, comme le détective Rouletabille au coin de l'enquête. Mais t'inquiètes, Hip-Hop dans la foule présente d'emblée partante pour se rincer les mirettes et en attendant, pour se restaurer à la buvette. Zoyer en "Zulu" zen zigzague 2 Paris des z'aurores sous le zénith du Spot 13. "On va s'aimer" dans le dernier quart d'heure américain. SHORE inscrit les noms des protagonistes. Tous les ami-e-s sont là. Ils ont éclos comme une fleur de terrain sur la vague de la jungle urbaine. Il ne reste que dix minutes, les supporters sont plus nombreux, le phono égrène les tubes des années d'avant. MG rajoute les néons de son métro comme les ombres portées du mot GRAFF. C'est fini ! C'est l'heure des photos. "Paris sous les bombes" de NTM résonne, le titre éponyme de la jam. Tous réunis, on est deux-cents anonymes. Les boites à caps circulent pour départager les deux murs; à cour les rouges, à jardin les bleus. Les deux murs s'affichent en majesté sur fond de week-end d'été, où l'on pourra dire : "J'y étais". Comme sous les pyramides, d'ici, 40 siècles de graffiti vous contemplent. Les peintres sont félicités à leur juste mesure et célébrés comme des modernes statures. L'équipe des bleus à remporté le challenge ! Félicitations !

MESNAGER

La poésie des corps blancs à son summum, l’érotisme à son pinacle, le frou-frou artistique à son faîte… tout l’édifice tient sur la poutre-maîtresse de la nostalgie et dans la dédicace au « peintre de la vitesse » : Robert Malaval. Car le jour de son décès naissait notre peintre… !
La présence du bonhomme-blanc sur les murs des maisons murées marque l’absence de ses habitants, une empreinte qui n’a pas manqué de jalonner de manière indélébile, mes premières pérégrinations dans le Paris démembré et la Belleville rachetée par les promoteurs à la fin des années 80. Ses références fugaces, vont aux fantômes des lieux. Passage de la Duée enterrée, rue des Pavillons disparus ; rue du Transvaal amputé ; l’absence tellement présente de ses habitants, s’incarnent dans les traits de cet anonyme. Personne n’est plus là que les silhouettes des habitants passés. Dépassés, rattrapés par la course au profit, comme C’était un petit jardin de Claude Lanzmann chantée par Jacques Dutronc. Tout n’est plus qu’une inscription en creux, par le manque, toute référence est nostalgique puisque le présent s’efface au profit de la présence du passé. Je me souviens d’avoir tenté d’épuiser ces « espèces d’espaces » à l’instar de Georges Pérec, et d’avoir dû comme lui revoir mes ambitions, la ville avançait plus vite que nous. Me restent quelques souvenirs épars et des photos à défaut d’être argentées au moins argentiques, comme réminiscences. L’artiste a guidé mes pas, des ruisseaux de Ménilmontant à la Grande muraille de Chine, il m’a transporté sur le devers et sur l’ubac de ces pentes, il m’a guidé au gré de ses corps blancs comme autant d’étoiles accrochées au firmament des rues.

JON BUZZ

Dans le désert de la soif, en voyant quelques gouttes d’eau perler sous le sac en matière plastique et un petit dépôt se former dans la coupelle posée dessous, le cavalier eut un sourire. Toujours ce vieux truc de vider la bombe à l’envers, son dispositif avait été cap de verser l’humidité nocturne du désert par la buse prévue à cet effet. Fresque rue des Pruniers, Paris 20, novemmbre 2023 ©Sigismond Cassidanius
Il avait encore du chemin jusqu’au lac Texcoco, pensa-t-il en flattant l’encolure de Jolly Bumper. Arrivé à Tenochtitlan, il chercherait Huitzilopochtli, en commençant par le Templo-Mayor et, si les augures du colibri lui étaient favorables, il le trouverait à gauche de celui-ci. Le soldat réincarné, l’allégorie du soleil vainqueur, sol invictus. Fresque rue des Pruniers, Paris 20, novemmbre 2023 ©Sigismond Cassidanius
Mi-traversé par la pensée de la chaleur qui allait l’accabler tout le jour, mi-concentré sur l’ajustement de sa selle sur le dos de Joli Briefer, il mâchonnait cette pulpe rouge de saguaro qui lui avait coûté ses doigts. Les cactus sont particulièrement hauts dans ce pays, dépassant de beaucoup le garrot de Joyeux Brushing. De pied en cap ils atteignent plusieurs fois sa taille de buse. Il est un peu perché. Fresque à l'Îlot 27, Pantin, décembre 2023 ©Sigismond Cassidanius
En regardant le soleil levant se mirer sur l’immensité mordorée, il chargea les zbeuls dans les fontes de Joie et Bonheur, puis JB enfourcha sa fidèle monture et partit pour un nouveau mur.

LOUYZ, le pari étal du trompe-l'œil

Ses pinceaux courent sous la mansarde, virevoltent dans le cadre ; le débordent, remontent le long de la lézarde, de là s’étendent et se déploient sur le mur pour qu’une jungle nouvelle surgisse. L’artiste leur prête libre cours et ils y laissent son empreinte, celle de LOUYZ. Comme un surgissement, apparaît alors le paysage de la ville en toile de fond gris-bleu-horizon, afin de mettre en lumière l’éclat de couleur de la végétation et la scène animalière qui se joue hors le mur, au-travers d’un trompe-l’œil. Parfois, c’est un ara qui prend son envol (le 27 Pantin), ou un tigre alangui (Italie2) ou encore un colibri qui butine une fleur de Lilas (le jardin de l’art urbain aux Lilas). La jungle des villes s’ouvre à des « dé-paysages » et à de nouvelles perspectives sur les ombres de la caverne de notre pseudo-réalité. Nos impressions sont trompeuses, essentiellement axées sur le consumérisme, alors que la quête de la vérité appartient au cœur… Cette technique du trompe-l’œil est la marque de fabrique de l’artiste. Ou plutôt, son originalité vient de l’usage qu’elle en fait, mêlé à la pratique du Street-Art, pour ouvrir un pont, une brèche, une croisée dans la ville. Une fenêtre sur nos aspirations de nature, nous les citadins, à ce point dénaturés. L’artiste se situe au carrefour du muralisme et du Street-Art, ce qui la prédispose à être originale. Cependant, ses sujets et la façon dont ils lissent les pignons borgnes de nos rue aveugles, donnent à voir une autre réalité ; le poète disait : « Il n’y a rien de plus vrai que ce qui est imaginaire dans un autre monde ». LOUYZ l’illustre parfaitement. (*1). LOUYZ est issue de la tradition du muralisme, car à l’origine était la peinture murale de son grand-père, un peintre qui a conquis le public avec notamment deux trompe-l’œil, l’escalier monumental à la station Étienne Marcel et les fenêtres de Beaubourg.
Fabio Rieti était un artiste habité, un passionné de musique et de poésie, une âme vibrante dans le concert de la création. Pour preuve, son hommage à Jean-Sébastien Bach à l’angle de la rue éponyme de Paris 13ème, le mur qui établit le point d’orgue des trois générations, puisqu’il a été peint par le maître en 1980 et restauré par sa fille et sa petite-fille en 2016. Il commence sa carrière par sa collaboration avec l’architecte Émile Aillaud, qui va durer quinze ans, avec lequel il couvre de mosaïque la façade de grands ensembles comme à Grigny, Courbevoie, Chanteloup ou Bobigny. Les grandes tours nuages à Nanterre, c’est lui ! Il se tourne vers la figuration et réalise « Les fenêtres » sa première peinture murale en 1975. Italien né en 1925, sa famille quitte le pays à cause des lois de l’État fasciste pour Paris, puis les Etats-Unis. Là, il s’initie à l’art de la mosaïque, ce qui l’amènera plus tard à la peinture murale. Il pose ses valises à Paris à l’âge de trente-et-un ans. La fresque du métro témoigne de cette période, cet homme qui porte les valises de l’exil, c’est lui qui remonte la pente pour retrouver sa fille qui lui tend les bras. Les musiciens de l’orchestre sont une référence à Bach enregistrée par Glenn Gould et Yehudi Menuhin (*2) et à son père, compositeur.
Il est décédé en octobre 2020. Il est un pionnier dans son art, reconnu comme tel par ses pairs. Il l’a transmis à sa fille Leonor, qui l’a porté et soutenu. Elle a élevé sa propre fille, Louise dans ce savoir, presque cette croyance. LOUYZ a créé la structure « Artomur » pour réunir leurs trois pinceaux et se situe donc de façon atavique à ce croisement.Être au croisement signifie être visible, c’est une façon d’apparaître « On the corner » (*3), comme l’album de Miles Davis dont le son inédit sortait de la trompette ; LOUYZ sort du mur, à l’intersection de la technique du muralisme et de l’invasion programmée du Street-Art, avec cette manière qui n’appartient qu’à elle, de réjouir nos murs de réelles présences (*4), je cite : – « C’est le quotidien qui est abyssal. Celui de notre raison d’être, de la rencontre imprévue, peut-être involontaire, avec l‘homme ou la femme dont l’amour changera notre univers, rencontre- Baudelaire le sait- au coin d’une rue ou à travers le reflet d’une vitrine. C’est le mystère qui est si terriblement concret ». Le surgissement d’une scène mystérieuse est donc terriblement concret pour notre espèce et la rencontre avec un des animaux du bestiaire coloré de LOUYZ peut s’avérer riche de sens, d’autant que c’est devenu chose rare dans le monde contemporain, tout occupé à les chasser !
Ainsi sont apparus au gré des festivals en Sologne, au Mans, à Pantin, à Paris ; une foule d’espèces différentes, comme un martin-pêcheur ou des aras et l’emblématique lézard. Il vient peut-être de la proposition initiale de Fabio Rieti, qui avait projeté de dessiner un lézard sur le cube des Halles, avant qu’une de ses amies, à la faveur de l’obscurité dans l’atelier, n’y voit un homme qui marche sur le mur ? Le lézard deviendra donc « Le piéton des Halles ».
Existe-t-il de pluriel à trompe-l’œil, et bien non, on ne dit pas trompe-z-yeux ! Cette singularité de l’artiste muraliste se retrouve jusque dans la langue, et, elle y ajoute sa personnalité et sa propre sensibilité pour nous faire voyager dans l’espace et le temps, un lieu en dehors du darwinisme et des classifications de Linné, un temps pour se situer dans la jungle des villes, se réorienter. Quelques liens utiles • Le 27 Pantin Le 27 – Ville de Pantin • Centre commercial Italie2 Italie Deux | Visite • Le Piéton des Halles, éditions Herscher, 1992 Fabio Rieti – Peinture, textes et errances Peinture, textes et errances – relié – Crevier – Achat Livre | fnac • Le Grand Livre du Trompe-l’œil, Leonor Rieti, éditions Fleurus, 2007 Le grand livre du trompe-l’ il – cartonné – Leonor Rieti – Achat Livre | fnac • Artiste peintre à Paris, peinture trompe l’oeil | Leonor-Rieti et Louyz (artomur.com) • LOUYZ (@louyz_artomur) -Photos et vidéos Instagram • LOUYZ | Facebook 1. Charles Baudelaire : « La poésie est ce qu’il y a de plus vrai dans un monde imaginaire », Carnets, 1855 2. Gould Meets Menuhin: Bach/ Beethoven/ Schœnberg, Canadian Brodcasting Corporation, 1966 3. On the Corner – Miles Davis, production Teo Macero, Colombia records, 1972 4. « Réelles présences » George STEINER, Gallimard, Paris 1991 Texte : Sigismond Cassidanius – Photos LOUYZ - ARTOMUR

MANYOLY

Manyoly nous interroge par son regard oblique et le coté mutin de son expression. Un regard décalé, qui part en quenouille, d'une femme sur les femmes. Au fil des couleurs, le visage se trame mais la matière des cheveux est laissée par l'artiste à votre imagination. Sans être brutal, il est brut, opiniâtre dans son sourire carmin. Manyoly tapisse la ville de portraits de femmes toutes les mêmes et toutes différentes. Une tentative de féminiser la ville (comme elle serait douce alors) de lui rendre la moitié de ses habitantes. L'artiste file la métaphore dans ses toiles urbaines entre Londres, Paris, etc. et Marseille où est son point d'ancrage.
Les portraits comme des grands fétiches sont constitués de bandelettes qui témoignent de plusieurs vies ; fille, sœur, amante, mère, épouse... Elles forment toutes ensemble la momie de la femme unique. La première, qui rendit possible la connaissance : Ève soulève-toi! Manyoly for ever ! Dites-lui que je suis toujours comme elles ; les femmes, toujours sensible à la façon dont s'installent les préjugés envers les minorités. Le dramaturge Ionesco pensait que la minorité a toujours raison. Afin de nous alerter sur le danger des rhinocéros prompts à effacer leurs traces de leur sabots vengeurs, dans leurs charges aveugles. Les premières à être touchées par une dictature sont toujours les femmes ! Sans invoquer les mânes des neiges d'antan, dites-moi où, n'en qu'el pays est Flora la belle romaine ? Où est Sapho ? Et Arsinoé ? Où est Olympe de Gouge, George Sand ? Et Louise Michel et La Passionaria ? Moi, je sais, dans le regard oblique et l'expression mutine des belles dames de Manyoly.

LES 40 ANS DE LA MARCHE POUR L’EGALITE ET CONTRE LE RACISME Hommage d’Ernesto Novo à l’étape de la Marche à La Courneuve en décembre 1983

Fresque par Ernesto Novo avec l'artiste, photo Florimages Fresque pour les 40 ans de la Marche pour l'égalité et contre le racisme, Ernesto Novo décembre 2023, photo Florimages Le point de départ Le contexte social est très tendu quand celles et ceux ayant participé à ce qui a été d’abord appelé « la Marche des Beurs » arrivent à Paris le 3 décembre 1983 pour sa manifestation. Deux semaines avant un jeune d’origine algérienne a été jeté hors du train entre Bordeaux et Vintimille par des légionnaires. A Strasbourg, l’étape s’achève par une marche à sa mémoire. Partie de cité de La Cayolle dans les quartiers Nord de Marseille ; les marcheurs ont commencé un périple qui leur fait traverser « la France profonde » dans un message de paix et d’égalité et les amène à Grenoble, Chambéry, Dijon, Lille, Roubaix, Strasbourg… Paris. La Marche est suscitée par un énième fait de société où un jeune français originaire du Maghreb est la cible d’un tir policier. Entre 1980 et 83, on dénombre en effet pas moins de quarante morts violentes de jeunes hommes issus de l’émigration ! Ce sont les enfants de la « deuxième génération » qui payent ce lourd tribut. Les filles ne connaissent pas le même sort. Elles en souffrent cependant au titre d’épouses, sœurs, mères et comme un chœur grec, elles se font la voix des morts. En l’occurrence sans aucune raison de tirer, puisque le jeune homme s’interposait entre un enfant et un chien qui l’attaquait ! Toumi Djaïdja, c’est de lui qu’il s’agit décide alors, sur le modèle des marches pacifistes de Gandhi ou Martin Luther King, d’organiser un périple : tendre la main au pays, le rencontrer et obtenir son soutien pour l’égalité et contre le racisme. Ils partirent 32 et arrivèrent 100 000 ! Dans toutes les villes traversées ces marcheurs impénitents pour l’égalité, sont dégoûtés d’être la cible de policiers, de gendarmes, de soldats, des skins des Halles… ou d’un simple habitant de cité comme à La Courneuve en juillet 83, qui prend son fusil pour tirer sur un enfant de neuf ans et le tue. Au motif qu’il « jetait des pétards ». Mais quels sont les acteurs de ces tragédies qui sont armés ? Amadou Gaye qui suit la Marche en tant que photographe en proposera de nombreux clichés, parmi ceux-ci, le suivant qui est explicite de l’agressivité ressentie par la deuxième génération. Vraisemblablement, peu de français voulaient réaliser qu’ils étaient là pour rester et acceptaient de leur faire une place dans la société. La scène finale est à l’Elysée au soir du défilé parisien, François Mitterrand fidèle à sa promesse faite aux Minguettes quelques mois auparavant, reçoit huit représentants des « marcheurs » et annonce avec eux, à l’issue de la rencontre, la carte de séjour de dix ans. L’intention du peintre L'artiste Ernesto Novo, nous enrichit de la sensibilité de son partage ; de la teinte de sa vision personnelle, dans cette triangulaire où il nous inscrit avec ses modèles et lui-même. Il ne suit pas de chemin tout tracé, il crée le sien et laisse une trace. Et, ce faisant : il nous « re-trace ». « Issu d’une famille d’origine vietnamienne de 11 enfants des quartiers Nord de Nice mon travail est axé sur le vivre ensemble, sur le fait de mettre en lumière les gens de l’ombre ». « Le parti pris c’était de laisser une part du mur d’origine. Aussi, le choix a été fait de recouvrir partiellement le fronton du mur et de redessiner les photos d’archives de la marche de 1983 dans un style croquis en bichromie. J’ai laissé des espaces aérés avec sur les bords des contours de personnages. Je voulais peindre cette fresque comme une peinture sur toile à l’atelier mais sur 25 mètres de hauteur, garder cette liberté de geste. J’ai placé une foule dans le bas en bleu outremer plutôt que du noir et blanc trop « vintage « à mon goût, puis dans le centre j’ai continué en bichromie rouge et blanc. J’ai laissé circuler dans et autour de l’œuvre la couleur de fond beige clair. Sur la partie de gauche nous avons choisi avec la mairie et le Département une fleur d’oranger aux couleurs contrastées, rayonnantes et solaires, j’ai un faible pour le orange vif en arrière-plan. La fleur d’oranger symbolise : l’innocence, la pureté et la générosité. Et pour conclure j’ai fait circuler mes spirales colorées récurrentes ». Fresque inaugurée le 2 décembre 2023 en présence de la municipalité de La Courneuve et des élus du Département, après 12 jours de travail avec mon assistant Tcheko, respect pour leur engagement. Remerciements : Malo le curateur pour l’Association « l’Ecluse », le maire de La Courneuve Mr Poux, Le Département de Seine-Saint-Denis, Mr Stéphane Troussel et le Collège Poincarré de La Courneuve, spéciale dédicace à Toumi Djaïdja. @ernesto.novo ernesto.novo.parisain.painter Sources : France Culture , Musée de l'Histoire de l'Immigration , Seine-Saint-Denis Actualités Sigismond Cassidanius avec l’aimable concours de Marie Christian
Fresque par Ernesto Novo, photo Florimages
Fresque en cours par Ernesto Novo, photo Florimages

Taï-Luc n’est plus ! Une page de l’histoire du rock se tourne.

"Tai-Luc était devenu bouquiniste quai de Gesvres à Paris. Il ne connaîtra pas le démentiellement de sa boîte vert bouteille pour cause de JO pas si populaire que ça. Le chanteur de La Souris Déglinguée s’est éteint début décembre 2023. Tai-Luc, quai de Gesvres en mai 2020.- Photo REMY ARTIGES
Il avait créé le groupe punk pour porter la bonne parole à la jeunesse enragée (raya). Un discours tourné vers le Vietnam et la banlieue (aux accents rock, rap et dub. Véritable passerelle entre les genres musicaux, il n’était pas rare de rencontrer des groupes de Rap comme NTM à leur première partie. Le discours vindicatif de La Souris Déglinguée n’est en effet pas très éloigné du flow des rappeurs des cités. En revanche, leur parcours intransigeant et radical les place résolument du côté obscur des punks et des skins : salles dévastées, interdiction de concert à Paris, nombreuses maisons de disque dont l’étrange Kuklos pour le deuxième album, le label de… Daniel Guichard ! En 1994, c’est la rupture avec le départ de Jean-Claude Dubois et de Jean-Pierre Mijouin puis une certaine incursion dans la world music avec l’album “Banzaï” puis en 1995 l’atypique “Tambour et soleil” qui réussit pour la première fois à placer des chansons sur les ondes d’RTL et autres NRJ. Ce qui n’empêche pas au groupe de conserver le respect dû à son intégrité et de continuer sa route en marge des Top 50. Tai-Luc n’est plus et une page de l’histoire du rock se tourne. Celle des années punk qui perdent un de leur hérault, pour ne pas dire héros" Voir moins Commentaires Sigismond CassidaniusRIP

Oak-Oak

Oh que.. ah okay ! Il ne faudrait pas reconnaître dans le nom de l'artiste celui d'un chêne en anglais et il ne faudrait pas prononcer Hôk-Hôk mais Wak-Wak... Bien qu'en un sens sa veine est creusée dans le meilleur bois duquel l'art urbain réchauffe ses vieux os : le droit à la ville. La réappropriation de l'espace urbain, l'auteur la pratique depuis les épidermes de la cité, comme un tatoueur qui pique ses touches... Ici c'est une fillette qui semble être funambule sur la chaîne qui passe devant le mur. Ou là un mini Bruce Lee qui semble avoir défoncé la rambarde de protection des piétons qui ploie sous le coup ! Ces signes, l'artiste les dispose pour constituer une saynète. Et le comique est au rendez-vous de ce carrefour, puisque c'est un mot d'esprit graphique, un calembour visuel. Semer la ville de signes rieurs, c'est la tâche que semble s'être assigné le "Johnny Appleseed" de l'art de la rue, pour lui redonner du sens. Si la poutre sur laquelle s'appuie Oak-Oak est solide, c'est sans doute parce que son humour soutient l'effet de surprise que le décalage a suscité, quand la graine a germée. Chaque fois que nous voyons une pousse signée Oak-Oak. Mais Oak-Oak pour moi signifiera toujours quoi-quoi en bon verlan des familles. Quoi-Quoi !? Le surgissent d'une pensée singulièrement décalée. Oh c'est simple mais il fallait y penser... woké woké !

TOMBOLA DE L’ASSOCIATION – ADHEREZ / JOUEZ POUR 10€

Matt-tieu

Il trace un parcours singulier dans la ville, fait d’arrêtes et d’angles doux. Son empreinte est celle du pas suspendu de l’autruche. Il filme dans cet ordinaire, l’incongruité de nos postures de posters. Comment s’afficher sinon en étant soi-même ? Comment donner sans sincérité ? Matt_tieu a trouvé la réponse dans le trait à la craie, sur les plus beaux murs que la ville ait à offrir. Il dessine la caricature des attitudes calquées sur le consumérisme, le goût du tout tout-de-suite, le caprice computériste de l’instantanéité, pour mieux les caricaturer. Pour cela il a choisi l’animal qui l’ « émeu » le plus, ce parangon de l’oiseau qui ne sait pas voler, comme un symbole du tiraillement entre passion et raison, nature et culture, idéal et réalité. Mais c’est une caricature riante sur laquelle l’artiste nous porte sur son aile et l’atterrissage est le plus souvent un sourire. Si son chat pêche une arête de poisson, c’est dire en dessin, la fuite délirante où cours notre monde qui se nourrit de phosphates et de métaux lourds en tous genres, qui brûle douze calories pour en produire deux à bout de souffle. En fait, ses bipèdes d’oiseaux inachevés retracent tellement la destinée humaine qu’ils jouent à plein la valeur catharsistique du théâtre, ce lieu public, où chacun peut se reconnaître et participer en tant que citoyen à une destinée commune. Prenant le contre-pied du présupposé baudelairien selon lequel le créateur est handicapé par « ses ailes de géant [qui] l’empêchent de marcher », Matt_tieu saisit l’opportunité de marquer d’un trait blanc les contradictions qui nous empêtrent et l’ironie mordante et nécessaire de l’expression artistique. Son squelette de baleine entourée de bouteilles en matière plastique est à ce titre éloquent. Matt_tieu prend son temps, et par là, il nous le rend aussi. Son travail est à l’instar de la patine que lui confère les éléments, la pluie, le soleil, le vent et cette teinte particulière que prend la craie ternie mais toujours lisible, car elle creuse, griffe autant qu’elle trace. Matt_tieu en joue, dans la matrice aussi, qu’est-ce donc qu’un squelette n’était la préfiguration de notre condition mortelle ? Le temps, comme l’espace, sont courbes, non, c’est peut-être pourquoi l’artiste tend des élastiques à la manière d’un voyant, pour nous rattacher à ce qui nous relie. La beauté moderne sera temporaire et vécue, selon Guy Debord, Matt_tieu nous en dresse le tableau… *crédit photo de l'auteur, Matt-tieu fév.2019, Le Mur des Trois-Couronnes, Paris 11ème