N'allez pas là où le chemin peut mener, allez là où il n'y a pas de chemin et laissez une trace !


Esquisse par ©Le long pour le mur des Flamants roses sis 1 rue des Bruyères aux Lilas

MESNAGER

La poésie des corps blancs à son summum, l’érotisme à son pinacle, le frou-frou artistique à son faîte… tout l’édifice tient sur la poutre-maîtresse de la nostalgie et dans la dédicace au « peintre de la vitesse » : Robert Malaval. Car le jour de son décès naissait notre peintre… !
La présence du bonhomme-blanc sur les murs des maisons murées marque l’absence de ses habitants, une empreinte qui n’a pas manqué de jalonner de manière indélébile, mes premières pérégrinations dans le Paris démembré et la Belleville rachetée par les promoteurs à la fin des années 80. Ses références fugaces, vont aux fantômes des lieux. Passage de la Duée enterrée, rue des Pavillons disparus ; rue du Transvaal amputé ; l’absence tellement présente de ses habitants, s’incarnent dans les traits de cet anonyme. Personne n’est plus là que les silhouettes des habitants passés. Dépassés, rattrapés par la course au profit, comme C’était un petit jardin de Claude Lanzmann chantée par Jacques Dutronc. Tout n’est plus qu’une inscription en creux, par le manque, toute référence est nostalgique puisque le présent s’efface au profit de la présence du passé. Je me souviens d’avoir tenté d’épuiser ces « espèces d’espaces » à l’instar de Georges Pérec, et d’avoir dû comme lui revoir mes ambitions, la ville avançait plus vite que nous. Me restent quelques souvenirs épars et des photos à défaut d’être argentées au moins argentiques, comme réminiscences. L’artiste a guidé mes pas, des ruisseaux de Ménilmontant à la Grande muraille de Chine, il m’a transporté sur le devers et sur l’ubac de ces pentes, il m’a guidé au gré de ses corps blancs comme autant d’étoiles accrochées au firmament des rues.